Histoire
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Avant la création de Saint-Rémy-de-Provence, l’oppidum de Glanum verrouillait les contreforts des Alpilles. Découvrez cette antique cité gauloise, devenue romaine, érigée autour d’une source sacrée et baignée par des influences culturelles multiples.
Les Salyens commencent à s’implanter sur le site de ce qui deviendra la ville de Glanum à partir du VIème siècle avant notre ère. Cet emplacement n’est évidemment pas le fruit du hasard. Il répond à des considérations pratiques et stratégiques. Voie de passage à travers les Alpilles, il bénéficie de la protection naturelle de ses crêtes. Autre avantage considérable, il bénéficie d’un terroir riche et de la présence vitale d’une source permanente.
L'oppidum va se développer autour de cette source et ses habitants vont la consacrer à un dieu propre à ce lieu et dont on ne retrouve pas trace ailleurs : Glan , dieu des profondeurs, garant de la pureté de son eau.
On retrouve ce terme Glan, ou Glane, associé à plusieurs fleuves ou rivières en France (par exemple, à Oradour-sur-Glane en Poitou), Allemagne, Autriche, Suisse ou Pays-Bas, mais sans rapport à une divinité. Il est également à l’origine du nom de la cité antique : Glano (appellation gauloise), puis Glanon (à l’époque hellénistique), puis enfin Glanum.
La Méditerranée est un lieu important de contacts et d’échanges, aussi bien commerciaux que culturels, pour tous les peuples qui la bordent : Grecs, Étrusques, Phéniciens, Ibères, Ligures. Les VIIème et VIème siècle avant notre ère sont marqués par l’arrivée des Grecs en Méditerranée occidentale. La fondation de Massalia (Marseille) par les Phocéens, autour de 600 avant J.-C., en constitue sans nul doute l’exemple le plus caractéristique. Si les Grecs abordent ce nouvel espace, c’est surtout en recherche de matières premières et notamment de métaux.
La proximité de Massalia et la situation géographique de l’oppidum, ont très certainement favorisé les échanges avec les Grecs de Marseille. C’est probablement l’intégration des Salyens à ce commerce et la rencontre avec les autres acteurs du monde méditerranéen qui sont à l’origine des influences grecques encore perceptibles sur le site aujourd’hui.
Les influences grecques se manifestent de différentes façons à partir du IIème siècle avant notre ère. On peut percevoir une certaine « hellénisation » de l’architecture, comme à la source ou au rempart, avec l’emploi du grand appareil
.
La ville s’agrandit au-delà du rempart salyen avec la construction de nouveaux bâtiments de types grecs comme des maisons ou encore un bouleutérion. Mais l’exemple le plus notable reste, sans nul doute, la construction d’un centre monumental de type grec.
C’est à la même époque que l’on peut voir apparaître sur le site des inscriptions dites « gallo-grecques », c’est-à-dire écrites en alphabet grec, mais traduisant de la langue celte ou encore une monnaie d’argent frappée de l’ethnique ΓΛΑΝΙΚΩΝ (des Glaniques) dont le caractère grec ne fait aucun doute.
Ces exemples montrent bel et bien l’influence des Grecs dans la ville qu’ils nomment désormais Glanon !
Si l’influence grecque est synonyme du reflet de la prospérité du site, l’emprise romaine sur le territoire qui s’étend des Alpes aux Pyrénées n’épargne pas Glanon.
La ville subit des destructions successives lors des guerres Salyennes . En 125 avant notre ère l’oppidum d’Entremont, capitale des Salyens, est détruit par les légions du consul Caius Sextius Calvinus. Il fonde ensuite la cité de Aquae Sextiae... que vous connaissez aujourd’hui sous le nom d’Aix-en Provence !
Qui dit Rome dit forum !
Les édifices civils et religieux de Glanon sont démantelés à la faveur d’habitations, puis de la construction du centre monumental romain : forum, basilique, curie. Des thermes et une fontaine triomphale sont aménagés, alimentés par un barrage construit au sud du site au cœur du massif.
C’est à cette période que le nom de la cité se latinise et que Glanon devient Glanum.
Après la conquête des Gaules par Jules César, en 49 avant notre ère, Glanum est transformé en oppidum latinum. Les Glaniques acquièrent le « droit latin » : ils sont élus aux magistratures municipales et certains peuvent accéder à la citoyenneté romaine. La ville continue son expansion vers le nord.
Un arc de triomphe au croisement de la via Domitia signale son entrée. À ses côtés, un mausolée est élevé à la mémoire des Iulii, membres de l’élite indigène, honorés de ce patronyme pour service rendus notamment pendant la guerre des Gaules.
Au Ier siècle de notre ère, sous l'empereur Auguste, la ville se dote d'un équipement urbain de prestige dont les temples géminées qui servent le culte impérial.
La fréquentation religieuse autour de la source semble prendre de l’ampleur, de nombreux ex-voto sont installées aux abords en guise de remerciement de ses bienfaits. Un temple à la bonne santé romaine Valetudo, est dédié par le général Agrippa, proconsul, compagnon et gendre de l'empereur Auguste.
Vers 270 de notre ère, la ville est détruite et progressivement abandonnée suite aux premières vagues des invasions germaniques. Ses habitants quittent la cité pour descendre plus vers le Nord et commencent à bâtir l’actuelle ville de Saint-Rémy-de-Provence. Pour ce faire, ils utilisent les pierres disponibles à Glanum. Les monuments sont donc démantelés.
Petit à petit Glanum plonge dans l’oubli... Imaginez, Glanum finit même par être complètement enseveli sous une épaisse couche d’alluvions (près de 8 mètres de hauteur) ! Seuls les 2 Antiques (l’arc et le mausolée), à l’entrée de la ville, restent visibles en permanence.
Au moment de sa « redécouverte », le site est recouvert par un champ d’oliviers et un mas provençal se dresse au-dessus de l’emplacement du Forum !
Qui conduit les recherches ? Pierre de Brun, Jules Formigé et Henri Rolland sont les trois archéologues incontournables de la découverte du site.
À l’été 1921, Jules Formigé (1879-1960) architecte en chef des monuments historiques confie à Pierre de Brun (1874-1941), botaniste et géologue, les premières fouilles systématiques à Glanum.
Depuis ce premier coup de pioche officiel, la cité-sanctuaire n’a cessé de livrer des témoignages uniques de l’Antiquité préservée au pied des Alpilles.
Henri Rolland (1887-1970), enfin, donne à la cité antique une renommée nationale à partir de 1941, en raison de l'ampleur de ses découvertes.
Durant les années 80, les chercheuses et chercheurs du Centre national de la recherche archéologique (CNRS) du laboratoire de l’Institut de recherche sur l’Architecture antique (IRAA) d’Aix-en-Provence, reprennent les fouilles.
Le Centre de nonuments nationaux (CMN) confie désormais à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) des opérations de diagnostics en amont des restaurations.
Archéologues, architectes, ingénieurs, conservateurs se sont succédé durant un siècle. Ouvriers de fouilles, maçons et restaurateurs ont œuvré à la mise en valeur des vestiges.
Cette grande aventure humaine a contribué à la création du parc archéologique que l’on parcourt aujourd’hui.
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