Histoire

article | Temps de Lecture5 min

3 archéologues maïeuticiens de Glanum

Pierre de Brun, Jules Formigé et Henri Rolland sont 3 figures incontournables de la mise à jour de la cité antique de Glanum.

Pierre de Brun (1874-1941)

Archéologue du début du XXème siècle, Pierre de Brun est né à Mauriac, dans le Cantal, le 16 novembre 1874. Il était receveur des Domaines, passionné de géologie, de paléontologie et d'archéologie. Ses travaux sont à l'origine de l'importante collection aujourd'hui déposée au Musée de Paléontologie de l'Université de Provence.

Pierre de Brun a parcouru et fouillé de nombreux lieux tels que les Alpilles, les Causses, et la bordure cévenole, le massif d’Uchaux dans le Vaucluse, les chaînons provençaux. Il a peu à peu réuni une riche collection de fossiles.

On lui doit la conduite des fouilles de Glanum, entreprises dès 1921, la description de nombreux objets archéologiques et la rédaction d'un guide de Glanum, œuvre posthume publiée par les soins de la Faculté des Sciences de Marseille en 1942.

Dès son arrivée à Saint-Rémy, Pierre de Brun s'aperçoit que nombre d'objets retrouvés, ne sont ni regroupés, ni protégés, ni mis à l'abri. Il souhaite mettre un terme à cette situation incohérente par la création d'un musée, en 1919, dans l'Hôtel Mistral Montdragon. Il devient ainsi le conservateur du Musée des Alpilles. À sa demande, l'immeuble est classé monument historique.
Reconnu par ses pairs, l'académie de Marseille lui décerne le Prix Dassy. Il est officier d'Académie, membre de la Société géologique de France, de la Société des statistiques, d'histoire et d'archéologie de Marseille, et de bien d'autres sociétés savantes.

Pierre de Brun prend sa retraite en 1934 et poursuit avec enthousiasme jusqu'à ses derniers jours, son œuvre d'inventeur. Il s'éteint à 66 ans, le 4 août 1941. Humaniste distingué, homme d'honneur et de devoir, il a souhaité que ses collections de paléontologie, après son décès, continuent à vivre à l'Université de Provence.

Pierre de Brun, coiffé d'un casque colonial, fumant la pipe assis sur une pierre au milieu du site
Pierre de Brun

©musée des Alpilles

Jules Formigé (1879-1960)

Jules Formigé est né à Paris, issu d’une famille arlésienne et est profondément attaché à la Provence et à son histoire. Architecte et archéologue, il est le fils d’un autre célèbre architecte, Jean-Camille Formigé.

Après de brillantes études, Jules Formigé suit les traces de son père. En 1912, il soutient une thèse sur les antiques d’Arles et commence sa carrière d’architecte. Il lance les travaux de restauration des intérieurs du château du roi René à Tarascon.

En 1920, il est confirmé dans ses fonctions d’architecte en chef des monuments historiques et a en charge, en particulier, la Provence.
C’est dans ce cadre qu’il va collaborer étroitement avec Pierre de Brun, puis Henri Rolland, sur le chantier de Glanum. Il soutient le projet d’achat par l’Etat de l’Hôtel de Sade à Saint-Rémy-de-Provence, ainsi que sa restauration pour en faire le dépôt archéologique de Glanum.

Son œuvre est pléthorique et l’ensemble de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a bénéficié du travail acharné et passionné de Jules Formigé. Il organise la fouille de la scène du théâtre d’Orange qui permet de retrouver des éléments fondamentaux du front de scène. Il participe à la reconstitution partielle du Trophée d’Auguste à La Turbie, initiée par son père. Il travaille également à la restauration et à la mise en valeur du groupe épiscopal de Fréjus (cloître, cathédrale et baptistère). Même s’il est aussi en charge de monument comme la basilique de Saint-Denis ou le Palais de Justice de Paris, son attachant aux monuments provençaux est tel qu’il restera en charge des dossiers ayant trait à Saint-Rémy, par exemple, jusqu’à son décès en 1960.

Jules Formigé, au 1er plan, conversant sur le site, autour d'une fondation de colonne, avec un petit groupe de personnes vétues à la mode des années 1920-1930
Jules Formigé (au 1er plan)

©CMN

Henri Rolland (1887-1970)

Né à Nice, Henri Rolland est architecte de formation. Il est aussi  il fut épigraphiste et surtout numismate reconnu.

Dès 1924, il devient membre de la Société française de numismatique. Ses recherches et ses découvertes furent considérables, on lui doit l'exploration du site d'Ugium (aujourd'hui connu sous le nom d'oppidum de Saint-Blaise à Saint-Mître-les-Remparts).

Lors de la Seconde Guerre mondiale, mobilisé en tant que capitaine de réserve, il est fait prisonnier à Dunkerque et sera libéré en 1942. 
Pendant de nombreuses années, cet homme de science a accueilli de jeunes archéologues et étudiants avec qui il a partagé son savoir et ses connaissances. En 1955, il reçoit du CNRS la médaille d'argent puis plusieurs prix d'académie.

Henri Rolland est, de 1956 à 1964, directeur des Antiquités historiques de Provence, région Nord. Membre de nombreuses sociétés savantes, Henri Rolland est correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1961. Il déploit pendant toutes ces années une grande activité en dehors même des deux grands chantiers de Glanum et Saint-Blaise. 

Il est chargé des fouilles sur le site de Glanum et créa le dépôt qui en conserve les collections à Saint-Rémy-de-Provence : l'Hôtel de Sade.

Henri Rolland en costume sur le site
Henri Rolland

©CMN

à découvrir aussi